Chapitre 2

«- Tu ne vas pas me faire la modeste quand même en plus de ça Mistinguette ?
-Quoi, Moi, faire la modeste ?? C’est bien le cadet de mes soucis en ce moment… »
La jeune fille marqua une courte pause et regarda ailleurs, fixant un point invisible entre Chris et l’arrière du couloir qui se prolongeait derrière lui.
Ses Soucis… Ses Soucis… Son absence… Tous les jours…
De plus, il semblerait que sa personne en elle-même soit entourée d’un mystère. Le silence devient pesant ; le comportement d’Alexander le matin même concernant cette absence qui ne fait que s’allonger ne fait que conforter notre héroïne dans un sentiment de confusion et de tristesse le plus total.
Et s’il ne revenait pas ?... Si, cette fois il n’avait pas triomphé ?... S’il était mort ?... Qui le confirmerait ? Ou le sauverait…
Ce doute insatiable et de plus en plus insoutenable la tient désormais en déroute. Elle ne peut plus rien dire et seul ce point où elle croit distinguer l’ombre de l’absent, lui rappelle justement qu’il avait dit de ne pas s’inquiéter.

Semblant deviner le sentiment dans lequel la demoiselle se trouve, Chris se vit emplir de compassion. Il plaça sa main droite sur l’épaule de Cassie et murmura en la regardant dans les yeux :
« Hey… Ne t’inquiètes pas, il va bien. Je suis sûr qu’il ne va pas tarder à rentrer. Ne te préoccupes pas tant que ça de lui, il ne devrait pas tarder à refaire surface incessamment sous peu, crois moi. »
La jeune fille, face à tant de persuasion de la part de cet homme, ne put que hocher la tête en signe d’approbation. Après quoi, ils se mirent en route à travers le dédale de couloir en direction de ce que l’on appelle : La salle d’appel…

Elle est immense… Large… Bétonnée… Mais tellement lumineuse et froide en même temps. En elle-même, elle reflète tout l’univers de l’organisation.
Continuant d’avancer côte à côte, Chris et Cassie finissent par se faufiler au milieu de la foule de personne qui se trouve dans la pièce, chacun se retournant sur leur passage. Bientôt, au lieu d’entendre le silence fantomatique du couloir, ainsi que l’écho qui s’en dégageait, ce ne sont que des murmures que les oreilles de ces mortels peuvent distinguer. Ce vrombissement incessant ne fait que s’accroître au fur et à mesure de leur progression dans la salle : Les voila au cœur de la ruche…
Seulement, non content de vrombir, ces insectes regardent et scrutent la demoiselle à la chevelure d’or qui accompagne l’homme qu’ils connaissent tous.
Ils sont nombreux, des centaines, peut-être plus ; à force de les entendre, il semblerait que le vrombissement s’assourdisse… Nous voyons à présent tout au ralenti… Tout se stoppe, rien ne se suit.

Cassie ne supporte plus ces regards bestiaux, mais préfère se taire, terrer ce sentiment au plus profond d’elle-même, ne faisant ressortir, comme il le lui avait toujours dit, que ce qu’elle désirait montrer aux autres. Exercice tellement difficile…
Que va-t-il se passer à présent ? Vont-ils les suivre partout ? Observer, juger, comparer ?...
Non, ces individus n’iront pas jusque là.
Au moment, où nos deux antagonistes stoppent leur progression à travers la foule, sonne l’alarme : C’est le rassemblement !

Chacun se précipite à sa place, la foule se dissipe et le cercle se creuse. Les lignes se forment et tous observent le même endroit des yeux.
Au centre du cercle qu’ils viennent tous de former, apparaît une lumière semblant émaner du sol. Un trou se creuse, puis, monté sur une plate-forme, apparaît un homme de stature imposante, vêtu d’un costume marron foncé, presque châtaigne, cheveux bruns coiffés en arrière portant des lunettes de soleil.
A cet instant précis, Cassie serra les dents : décidemment, ce type ne faisait que lui pourrir la vie depuis le début. Allait-il poursuivre son arrogance et sa médiocrité jusque devant les autres ?... Dans son propre intérêt, connaissant certains détails de la vie de notre protagoniste il valait mieux éviter.
Mais si je vous disais, que cet individu ne dit rien et qu’à la place il distribue du Van Hooten à tout le monde, alors où serait l’intérêt de mon histoire, je vous le demande…

Alexander Risks attendit que la plate-forme se stabilise, l’air serein et arrogant à la fois. Il chercha du regard dans la foule s’il lui était possible d’apercevoir certaines personnes, mais à cet instant précis, il ne fut pas à même de distinguer grand-chose : Trop de personnes c’étaient amassées autour de lui. Aussi, finit-il par dire d’une voix forte de telle manière pour que tout le monde l’entende :
« - Bien, bonjour tout le monde, je vois que vous êtes tous au rendez-vous. L’entrainement va donc débuter sans plus tarder.
Unité bleue, rouge et verte, vous vous rendrez sur le terrain d’entrainement numéro 636. GO ! »
A cet instant précis, toutes les personnes qui se trouvaient à la gauche de Risks saluèrent ce dernier, puis partirent en trottinant en direction des vestiaires que l’on pouvait apercevoir si l’on prêtait attention à l’ombre imposante qui arrivait par la gauche de la salle.
« - Unité Jaune, Grise et Blanche, au terrain de tir numéro 458. GO !
Unité Haka, Kilta, Thalos et Thanatos, parcours de survie sur deux semaines ! GO ! GO ! GO !! »
Ce manège dura quelques temps, sans qu’à aucun moment, Cassie et Chris eurent à bouger. En réalité, Cassie guettait le moment où Chris bougerait, car elle n’avait pas encore été intégrée dans une unité précise. Cela lui fit se remémoré son premier jour… Ce premier jour où il était encore présent.
Que se passait-il pour qu’il ne soit pas déjà revenu…
Alors que la jeune fille était plongée dans se pensée, elle ne put remarquer que la salle c’était entièrement vidée… Il ne restait plus que Chris, Risks et elle.
Ce fut la voix désagréable de l’individu qui l’avait appelé le matin même qui la ramena au sein de la triste réalité à laquelle elle doit faire face en tant qu’humaine :
«- Eh bien, tu te permets de rêvasser gamine ? »
Alors que Cassie s’apprêtait à répondre, Chris la devança et pris sa défense :
« - Et toi tu te permets de lui parler ainsi ?
- Exactement.
- Es-tu à ce point crétin, ou faits tu exprès Risks ?...
- A ton avis, Redfield ?... »
Les deux individus avaient plongés leur regard dans celui de l’autre, le soutenant sans faillir pour bien montrer qu’ils n’avaient aucune intention de laisser l’autre prendre le dessus. Tels deux fauves hargneux, chacun reconnaissait en l’autre tout les défauts qu’il pouvait trouver renforçant ainsi la tension que l’on pouvait sentir émaner du chemin de leur regard.
Il semblait à Cassie que le temps aurait bien put s’arrêter sans pour autant atteindre ce duo infernal qui ne faisait que se montrer toute la colère qu’il possède…

S’en était trop pour la jeune fille, elle n’aurait pas pu être capable de dire combien de temps cela avait duré, mais quoi qu’il en soit : cela suffisait.
Elle s’avança de quelques pas, et se plaça à côté des deux hommes qui se considéraient gravement. Finalement, d’une voix qui se voulait confiante et dure, elle déclara :
« - Il suffit. Quel est notre assignement Risks ?
- Tu oses me parlez sur ce ton à nouveau, Gamine ?
- Et sache que je le ferai jusqu’à ce que tu changes, crétin…
- Manque de Respect à un supérieur...
- Tu te crois à ce point médiocre ?
- N’essaye pas de l’imiter, vous atteignez tout les deux des sommets dans l’incompétence et l’insubordination qui force le respect.
- RETIRES TOUT DE SUITE CE QUE TU VIENS DE DIRE !! »

La jeune fille avait d’un coup, sans signe prévisible apparent, changé sa voix calme en un son dur proche du cri. Ses mains tremblaient de colère, et elle sentait bien que si rien ne se passait, elle sauterait bientôt à la gorge de cet insignifiant petit arrogant de pacotille.
Elle tressaillit légèrement : Chris avait posé son bras sur le sien pour la retenir.
Risks ne manqua pas cette occasion :
« - Tu la défends Redfield ? Minable… Tout comme lui »
Cela ne pouvait plus durer, Cassie repoussa la main de Chris et avança son poing à une vitesse incroyable pour le loger dans l’estomac de Risks. Ce dernier, surpris reçu le choc de face, de front et en plein sur le diaphragme. Il respirait avec difficulté à présent.
La jeune fille aurait volontiers continué, mais une voix plus forte que les autres retentit violemment, la coupant dans son élan de violence gratuite.
Chris lui ne bougea pas, et se mit à sourire…

Cassie se retourna en direction de l’endroit d’où provenait la voix pour finalement découvrir un homme de taille moyenne, encadré par deux gorilles qui à eux seuls devaient bien valoir au moins l’un des piliers des All Blacks...
Le grand Patron…

L’homme ne bougea pas et déclara d’une voix forte :
« Alex, cela suffit. »
Ce dernier ne broncha pas. Il était encore sous le choc du coup que lui avait porté la gamine.
« Bien, à présent Mademoiselle, je vous prierai de nous laisser seuls, mais auparavant veuillez prendre note de l’évolution de votre entrainement :
Compte-tenu de vos surprenants résultats sur les différents examens depuis votre arrivée, vous allez maintenant pouvoir gagner un établissement scolaire, dans lequel vous suivrez un cursus à peu près normal. Avec des horaires aménagés pour que vous puissiez vous entrainez tout de même avec M. Redfield. »
La demoiselle n’en croyait pas ses oreilles… L’école ? Elle n’y avait plus songé depuis qu’elle avait été « graduée » dans son ancien lycée… Que voulait-il dire ?
« Vous allez être placé dans l’université de sciences et histoires du quatrième district. Tout ce que vous avez besoin de savoir se trouve dans votre casier.
Par ailleurs, vous allez recevoir une nouvelle identité. Personne à l’extérieur ne doit connaître votre nom, surtout pas en mission. Suis-je clair ? »

La jeune fille hocha seulement la tête en signe d’approbation.

« Bien, pour aujourd’hui, vous allez être libérée. Rentrez chez vous, préparez votre sac de cours, vous commencez demain.
Avez-vous des questions ? »

Des questions ? La jeune fille releva la tête et chercha le regard de Chris.
Fallait-il qu’elle pose sa question ? Devait-elle dire à cet homme ce qu’elle ressentait actuellement de par son absence ?...
Après un long moment d’hésitation, la jeune fille se tourna vers le directeur, et déclara simplement :
«- Quand rentre-t-il de mission ?... Cela fait déjà plus de…
- Trois mois, oui mademoiselle. Mais pour le moment, son retour n’est pas programmé. Maintenant, veuillez nous laissez seul je vous prie. »

La jeune fille salua le directeur, puis sortit en jetant un regard noir à Risks… Elle haïssait à présent cet homme, de toute son âme et de toute sa force…